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Un artiste en résidence au Lycée Brassaï - interview de Rodolphe Alexis

Publié dans Vie du lycée

 

Le plasticien sonore Rodolphe Alexis est actuellement en résidence au Lycée Brassaï et conduit auprès des classes de Première un projet de parcours visuel et sonore dans le quinzième arrondissement de Paris. Il partage ici son expérience.

 

Rencontre avec Rodolphe Alexis

 

En quoi consiste le projet que tu mènes avec les élèves de Première du Lycée Brassaï ?

Le projet, qui s’appelle “Tracer le lieu, esquisser le lien” consiste à “faire paysage” de nos sensibilités particulières sur un environnement partagé, il vise à faire comprendre et à montrer qu’un lieu existe parce qu’on y décèle et qu’on y tisse des liens. Il met en oeuvre la pluralité des regards des élèves sur l’environnement élargi de l’arrondissement autour du lycée, sur l’île au cygnes, au parc André Citroën, ainsi qu’à Beaugrenelle. C’est un travail d’attention aux espaces, à leur occupation, aux manières de s’y manifester, et d’y habiter.

Quatres groupes de deux classes de premières ont été sensibilisés à l’écriture du sonore, ainsi qu’aux techniques de prise de son par analogie avec ce qu’ils connaissent des techniques de prise de vue, notamment en revisitant les notions de champ, de focalisation, de scène, de sujet, ou de composition. Depuis la manipulation de différents outils de captation (aérien, solidien, aquatique) jusqu’au montage et mixage, ils auront à restituer un corpus à la fois sonore et visuel d’une multitude d’approches de l'arrondissement.

Ils passent ainsi du micro trottoir à la manipulation concrète des sons, des ambiances sur différentes échelles à la descriptions des espaces, et produisent des séquences sonores qu’ils auront à ensuite déployer sous la forme d’une carte sonore interactive et géolocalisée formant un parcours et accessible à tout un chacun depuis un smartphone.

Les capsules audio sont complétées par une série de clichés produits avec leurs enseignants et l’ensemble est positionné selon une succession de points clés à déterminer selon leur intention artistiques et l'architecture et la topographie du quartier.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comment se déroulent les rencontres avec les lycéens ?

Les deux classes sont scindées en deux groupes et nous fonctionnons par binômes qui a chacun son dispositif de prise de son. Après quelques séances nécessaires à la présentation du projet passant par des écoutes et par la prise en main rudimentaire des outils, nous nous sommes repartis les zones à explorer que nous avons arpenté plusieurs séances de suite. Une importante étape de réécoute et de tri, a ensuite été nécessaire pour aborder le montage, la manipulation et le mixage de manière efficace vu les contraintes de temps. Enfin, une phase d’enregistrement de voix est venue interpréter les données récoltées du terrain.

 

De quelles manière invites-tu les élèves du Lycée Brassaï à explorer les questions inhérentes à l’écoute et à la prise de son ?

Les séances sont courtes, et les modifications d’emploi du temps ne nous auront pas permis de développer suffisamment les exercices d’écoutes à oreilles nues. Nous avons néanmoins réalisé des écoutes les yeux fermés avec des descriptions des sources et des placements. Aux séances d’écoute préalables comme lors de la manipulation des outils, nous avons insisté sur l’écoute comme perception active qui nécessite attention et intention. Nous avons fait varier les échelles et les dispositifs de captation, insisté sur les cadrages et singularité du regard, comme le rapport signal /bruit et les morphologies, les textures sonores.

 

Comment t’a semblé l’accueil des jeunes vis à vis de cette nouveauté ?

Très variable d’une personne à l’autre, et d’une classe à l’autre. Grande découverte dans l’ensemble, des temporalités distinctes dans l’intégration et la maturation de celle-ci pour passer d’une intention puis à une forme. Le facteur temps passé en fonction du nombre d'élèves est aussi déterminant. On est dans une articulation permanente avec l’emploi du temps normal. On rencontre quelques inerties et de bonnes surprises. Certain.e.s se sont révélés durant la prise de son, d’autres en montage, ou en manipulation et d’autres enfin dans le recueil de la parole. On a une disparité de niveaux et de maturités, mais le projet est une réussite collective.

 

 

Trouves-tu que la situation pandémique actuelle rend votre expérience plus compliquée ?

Mis à part quelques réajustements d’emploi du temps, nous sommes passés entre les gouttes, on a pu articuler nos séances plus ou moins comme prévu. On apprend tou.te.s à s’adapter avec plus de souplesse et à garder le cap de ce qui est important, l’aventure collective. Après, je ne connais pas assez bien les situations des élèves pour avoir des points de comparaisons sur ce qui aurait changé ou non. J’ai l’impression que les sorties ont été très libératrices et que le montage en réifiant ces experiences est assez jubilatoire pour certains. 

 

De quelle manière le projet sera t’il partagé ?

À travers une application mobile gratuite et accessible à tous, ainsi qu’un accrochage photo et/ou un travail d'édition, mais prévu plutôt pour l’an prochain. 

 

Quelles sont les résonances de ce projet avec ta pratique personnelle ?

Le projet s’inscrit dans la continuité de mes activités pédagogiques d’ateliers que j’ai pu mener en résidence avec des scolaires ou en école d’art centrées autour de la prise de son de terrain et de la musique concrète. Il lie les notions de travail collectif, de construction de la réalité, de diversités biologique et sociologique, d’accès à la parole, d’autonomie, et de capitalisation de l’attention.  

 

Par ailleurs, sur quoi travailles-tu actuellement ?  

Je travaille sur un projet de dialogue sur les manières d’écouter, de capter et de percevoir les mondes, avec une communauté brésilienne résidant sur une terre de forêt préservée et défendue mais menacée par le lobby de l'agrobusiness. Ce travail interroge notre manière occidentale de considérer les relations au vivant ainsi que les déterminismes sous-jacents de la prise de son naturaliste ou documentaire.

 

 

Rodolphe Alexis

Sa pratique touche au phénomène sonore et vibratoire sous une pluralité de formes, en dialogue avec d’autres champs de l’art (composition, radiophonie, installation-sculpture, scénographie, photographie, spectacle vivant). Depuis quelques années, son travail se focalise sur la phonographie et l’enregistrement de terrain, notamment des environnements tropicaux qu’il déploie en dispositifs d’écoute située ou diffusions multicanales immersives. En tant que concepteur sonore, il collabore régulièrement avec des artistes issus des arts visuels, de l’espace ou du mouvement, tels que les chorégraphes Eduardo Fukushima et Beatriz Sano, les plasticiens Guillaume Aubry, Liv Schulman, Vincent Voillat, Frédéric Ramade, Meryl Ampe, Bettina Attala … Ainsi qu’auprès des musées et Institutions comme actuellement à la Cité des Sciences et de l’Industrie pour l’exposition Bio-Inspirés, le festival Hors pistes ou encore le Muséum national d’Histoire naturelle. Membre fondateur de Double-Entendre (édition et événements audio) et de la revue Vibrö/vibrofiles.com, il est également membre du duo de performances sonores OttoannA (avec Valérie Vivancos) et du projet expérimental Wind Doors Poplars (avec le saxophoniste et compositeur Stéphane Rives) Programmateur et commissaire associé du Collectif MU lors de l'événement “Rail Ocean” pour la Nuit Blanche 2017 il a récemment effectué la programmation et la coordination artistique de l’ESAD TALM pour le festival “Le Mans Sonore”, première biennale Internationale du son, rassemblant une quarantaine d’artistes. Enseignant l’histoire des arts sonores et technologiques à l’ESAD TALM Le Mans et coordinateur de Radio-On, Il encadre régulièrement des ateliers en France où à l’étranger : Institut national de l’Audiovisuel, Philharmonie de Paris, HEAR, Instants Chavirés, Phonurgia Nova, Musashino Art University, Sibelius Academy / Université des Arts d’Helsinki. Edité sur les labels Contour, Gruenrekorder, Herbal International, Impulsive Habitat ou Optimal Sound son travail a notamment été diffusé sur Arte Radio, France Culture, France Musique, Phaune Radio, P-Node, Touch Radio et plus récemment via l'application Soundscapes.app.

 

 

Résidence soutenue par la Drac Île-de-France.

Projet en partenariat avec le Jeu de paume et le collectif Mu.

 

 

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